Le Guide des anime de l'hiver 2019
Boogiepop and Others

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Combien donnez-vous l'épisode 1 de
Boogiepop and Others (TV 2019) ?
Note de la communauté : 3.6


Combien donnez-vous l'épisode 2 de
Boogiepop and Others (TV 2019) ?
Note de la communauté : 3.8



Qu'est-ce que c'est ?

Selon une légende urbaine, un shinigami peut soulager les gens de leur souffrance. Cet « Ange de la Mort » a un nom : Boogiepop. Et la légende dit vrai. Boogiepop existe vraiment. Lorsque plusieurs lycéennes de Shinyo sont soudain portées disparues, la police et l'école pensent avoir affaire à une série de fugues. Mais certains lycéens ne sont pas de cet avis. Il se trame quelque chose d'étrange et de malsain. Serait-ce Boogiepop, ou un phénomène plus sinistre encore ? Boogiepop and Others est adapté d'une série de light novels et est diffusé sur Crunchyroll tous les vendredis à 8 h

Comment était le premier épisode ?

Bruno de la Cruz

Note :

Les observateurs de l'animation japonaise ont l'habitude de cocher sur leur planning prévisionnel les prochaines productions menées par Shingo Natsume. Si le grand public a découvert le bonhomme via une défoulante et généreuse adaptation de One Punch Man, l'artiste jamais bien loin du studio Madhouse nous ressort sa facette plus sobre au moment de donner une deuxième vie au roman Boogiepop wa warawanai. La nouvelle session anime vient fêter les 20 ans de l'œuvre de Kouhei Kadono, illustrée par Kouji Ogata.

Avec le lycée comme terrain de jeu, les disparitions d'élèves et la notion d'un Dieu de la mort, la formule, sur le papier, de Boogiepop n'a que peu de chance d'être résolument novatrice en 2019. Pourtant le show démarre sous de bons auspices. Non pas qu'il promette la naissance en rafale de compilations sakuga, mais parce que la direction se veut propre, solide, subliminale et maîtrisée. Avec une protagoniste principale divisée entre ses deux entités - lycéenne et déesse -, l'ambiance incertaine entre fiction et crise sociale donne vite un cachet au programme.

En fond, si on ne peut pas encore solidement s'avancer en matière de sous-texte, on vérifie qu'un dieu de la mort est bien plus humain que l'homme lui-même. En effet, Miyashita, sous sa forme de Boogiepop, apparaît comme une épaule sur laquelle le démunie ou l'âme en peine peut compter. Sa mission, confesse-t-elle, est de déloger un démon venu au sein de l'établissement scolaire. Par démon, ne vous attendez pas à une créature, mais plutôt une chimère pouvant revêtir l'apparence d'un sentiment ou d'un comportement (isolement, envie suicidaire...). On dit que ce mal est apparu des suites d'une crise de l'humanité pour se loger dans un corps. Le 2e épisode présente lui une intrigue bien moins métaphorique, avec un démon dévorant ses victimes. Un verset qui respecte la facette gore et violente de Kouhei Kadono. J'aimerais attirer votre attention sur un point : il n'est pas impossible que la conclusion du premier épisode soit la conclusion de la série. Gardons cette hypothèse en tête pour la réévaluer plus tard.

Aussi, il est inévitable de sortir le “comparomètre” et replacer la version de Natsume aux côtés de celle signée Takashi Watanabe, le réalisateur de Boogiepop Phantom en 2001. Cette mouture, opaque et bien plus brumeuse, était surtout frappée du sceau de son scénariste, Sadayuki Murai (Perfect Blue), habile comme personne pour leurrer l'audimat avec talent. Dès lors, revoir Phantom offre une lecture du roman bien plus urbaine et ténébreuse. Avec Natsume, la série est pimpante, colorée, fraîche. Pour autant, via une musique dérangeante (kensuke ushio) et son aspect prolixe, l'anime ne renie pas son étrangeté. Un constat qui s'observe aussi par quelques remarquables transitions répondant à son superbe opening, signé Se Jun Kim et interprété par MYTH&ROID. De la même manière, le chara design de Hideiko Sawada – une première pour cet animateur régulièrement dans les projets de Natsume - apparaît comme fade mais fait écho à ce faciès random qui colle à Boogiepop.


Damien Hilaire

Note :

25 ans de Dengeki Bunko ça se fête ! Pour l'occasion, ils ont commandé au studio Madhouse une nouvelle adaptation de Boogiepop. Boogiepop and Others est donc le deuxième anime adaptant le célèbre light novel de Kouhei Kadono. Et cette fois à la réalisation, Madhouse installe Shingo Natsume, réalisateur montant du studio après One Punch Man et ACCA: 13. Bon choix, d'autant que son style discret marcherait très bien sur un titre à ambiance fantastico-horrifique comme Boogiepop.

L'épisode 1 démarre sur Seiji Takeda, jeune lycéen qui fait le piquet en attendant sa petite-amie Tôka Miyashita. Durant ce moment d'attente, un homme, visiblement SDF, s'effondre en larmes à quelques mètres de lui. Comme n'importe qui dans cette situation, il décide de ne rien faire et de regarder la scène comme un spectacle. C'est alors qu'un homme très bizarrement fagoté vient au chevet de cette piteuse créature en leur rappelant ô combien leur comportement est honteux et indigne d'un être humain. La police s'en mêle et l'étrange individu s'en débarrasse d'une manière quasi-surnaturelle avant de disparaître sans demander son reste.

Tôka ne viendra finalement pas au rendez-vous, mais Seiji a cru la reconnaître derrière le déguisement de l'homme devant lui. Le lendemain il cherche a contacté sa copine mais ses appels restent sourds. Miyashita est même absente à l'école, qu'est-ce qui peut bien la retenir de venir ? Après avoir aperçu une ombre sur le toit de l'école, Seiji s'élance à sa poursuite et tombe nez à nez face à Tôka, encore une fois drôlement accoutrée. Mais est-ce vraiment Tôka ? Quelque chose de différent semble émaner d'elle. Seiji vient en réalité de rencontrer Boogiepop, un être supérieur et surnaturel qui s'est incarné dans son amie afin de prévenir et empêcher l'humanité de disparaître. Un monstre serait prêt à fondre sur les lycéens innocent, tapis dans l'ombre, prêt à surgir n'importe quand.

Si vous voulez en savoir plus il faudra revenir plus tard ! Car cet épisode 1 ne fait que présenter ses personnages et le monstre est vaincu sans qu'on ne l'ait jamais vu de l'épisode ! Rassurez-vous c'est normal, Boogiepop propose une trame non-linéaire qui perturbe le spectateur non-avisé. Si vous vous sentez perdu à la fin de l'épisode quand Tôka serre la main de cette inconnue, c'est bien que vous ne l'avez jamais rencontrée.

La réalisation de Natsume s'affiche discrète. On a bien quelques petits plans creepy qui indiquent, autant que l'avertisseur de Wakanim au début de l'épisode, que ce qu'on regarde n'est absolument pas pour les enfant et que le 16 ans n'est pas là pour faire beau. Si le cut est rapide on a pourtant bien une scène de décapitation qui se cache dans l'épisode, ainsi que des plans discrets laissant apparaître Boogiepop qui plane comme une apparition dans la vie de Tôka. Ils ne sont pas fait pour effrayer, seulement pour pimenter la réalisation et remettre le spectateur à l'heure du jour « oui, c'est une série fantastique tu ne t'es pas trompé d'adresse, laisse-nous te guider».

Et on se laisse guider. L'atmosphère de la série est envoûtante, on est vite plongé dans ce délire à mi-chemin entre folie et fantastique un brin flippant. C'est déroutant, un peu bizarre et on en redemande. On cherche à quel moment ça va déraper, qu'est-ce qui va faire basculer la série dans l'horreur. On est vraiment dans un titre qui use à petit dose de son potentiel malsain, distillant par-ci par-là des petites notes inquiétantes. Et on adore ça.

Y'a pas à tortiller, c'est diablement efficace, on peut reprocher à la série d'avoir par moment une animation peu soignée voire saccadée qui fait tache, en espérant que ça soit réparé pour la sortie DVD, mais le titre a tellement plus à offrir ! Boogiepop and Others est un concentré de savoir-faire, une mise en scène millimétrée qui fait dresser les poils des bras tout en intriguant suffisamment son spectateur pour le pousser à voir la suite. En un mot : fantasmagorique, comme Boogiepop.


EmmaNouba

Note :

Vingt ans après voici que revient le Boogiepop, une version romantique du croquemitaine à la sauce nipponne, née dans un light novel de Kouhei Kadono et Kouji Ogata. Dans ce préquel de la série des années 2000, le studio Madhouse a donné les manettes à Shingo Natsume (Space Dandy, OPM), le scénario est signé par son complice Tomohiro Suzuki (ACCA 13. Hidehiko Sawada (OPM, Redline, Casshern Sins) signe le chara design. On ne peut que regretter la patte de Shigeyuki Suga, génial animateur clé de la série culte Serial Experiments Lain et l'ambiance qui collait parfaitement au premier opus. Pourtant Boogiepop and others arrive respecter les codes couleur avec des teintes violacées/roses, des filtres flous…

La série sort du lot de l'animation actuelle, grâce au label Madhouse, un réel gage de qualité, et entend être dans la lignée de son aînée. Elle doit aussi beaucoup aux nappes et ambiances musicales signées Kensuke Ushio (A Silent Voice) qui collent parfaitement au propos. Une des trouvailles visuelles extrêmement efficaces tient dans le fait que les personnages n'ont pas de visage défini sauf quand ils sont acteurs du récit ou que la « caméra » se fixe sur eux. C'est une vraie réussite visuelle qui renforce le mystère ambiant dans lequel se trouve Takeda, un jeune lycéen à la recherche de son amie, Miyashita. Ces visages sans traits renforcent aussi le côté anonyme de cette société qui n'a plus rien de civilisée comme le dénonce avec colère Boogiepop lorsqu'un homme dépenaillé en larmes s'écroule au milieu d'une foule indifférente et hostile. Takeda reconnaît alors dans ce costume sa copine. Mais elle agit très bizarrement et ne le voit pas. De retour au lycée, il apprend que quatre élèves ont disparu depuis le début de l'année, ce qui ne semble pas affoler le directeur. Peu après notre héros se retrouve sur le toit du bahut à papoter avec Boogiepop qui lui raconte tout d'un bloc qu'elle « occupe » le corps de sa petite amie et qu'un grand danger guette l'académie, voire le monde entier !

On s'attend à des confrontations avec des entités, des monstres… Pendant que le lycéen fait un petit tour à la bibliothèque (pas du tout affolé par les révélations de l'entité !) pour lire un bouquin sur le dédoublement de personnalités tout en fliquant sa copine, la légende urbaine sur Boogiepop, le tueur de jolies filles se répand… et une nouvelle élève disparaît. A part deux visions de corps, on ne saura rien sur ces disparitions.

A la fin de ce premier épisode totalement cryptique, Miyashita/Boogiepop rencontre celle qui sera son alliée et crée le lien avec la série des années 2000, Nagi Kirima. Outre un scénario pour le moment extrêmement ténu, le rythme est très lent et pourra rebuter les amateurs d'un minimum d'action… Il ne reste qu'à espérer que la suite de la série soit un peu plus dynamique et gagne en intensité narrative sinon on risque de s'ennuyer sec.


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