Le guide des anime du printemps 2021
Joran: The Princess of Snow and Blood

par l'équipe éditoriale d'Anime News Network,
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Combien donnez-vous l'épisode 1 de
Joran: The Princess of Snow and Blood ?
Note de la communauté : 3.4



Qu'est-ce que c'est ?

En 1931, le shogun Yoshinobu Tokugawa a 94 ans et exerce toujours un contrôle absolu sur le Japon. Des vestiges de la culture de l'ère Meiji sont visibles dans la ville, mais la science et la cosmologie ésotérique japonaise Onmyodo se sont également développées, dégageant un sentiment de modernité. Pourtant, œuvre dans l'ombre Kuchinawa, un groupe dissident qui cherche à assassiner le shogun et à faire tomber le régime.

Joran: The Princess of Snow and Blood est diffusé sur Crunchyroll tous les mardis à 18 h.


Comment était le premier épisode ?

Damien Hilaire
Note :

Décidément, il y a pas mal de productions originales cette saison ! Joran Princess of Snow and Blood n'est pourtant pas si originale qu'elle pourrait l'être. La série est certes 100 % faite pour la télévision mais ses inspirations sont évidentes, voire même un peu trop visibles. Avec un titre pareil, difficile de ne pas faire le rapprochement avec Lady Snowblood, le fameux manga de Kazuo Kamimura et Kazuo Koike (qui en japonais s'appelle Shurayuki Hime). Toutefois, si le personnage principal s'en inspire, l'intrigue et l'univers en sont très éloignés et c'est peut-être là que Joran peut tirer son épingle du jeu.

L'anime est produit par Bakken Record, quasiment inconnu au bataillon si ce n'est qu'ils sont derrière le film Pandora and Akubi qui reprenait des personnages de Tatsunoko dans un crossover avec Monster Strike dont l'animation avait chauffé les quelques irréductibles ayant eu la chance de voir la diffusion presse du festival d'Annecy.
Les voici donc sur leur première grosse prod' avec à la réalisation Susumu Kudo, réalisateur avec déjà pas mal d'expérience puisqu'il est entre autres derrière la trilogie Mardock Scramble (tiens, tiens, encore une fille avec un rapport particulier au feu). Toutefois c'est un peu effrayant de le voir là, surtout après l'horrible Dies irae d'une part et de l'autre la déconvenue autour du nouvel anime Tokyo Babylon qu'il devait réaliser. La série est écrite par Rika Nezu, une scénariste venue du drama, qui avait bossé sur le film d'animation de Saint Young Men. Est-ce que malgré tout ça la série vaudra la peine ? Voyons déjà l'épisode 1.

Tout commence au bord de l'océan où s'affronte une jeune femme qui fusionne avec un corbeau blanc pour devenir une créature moitié vivante moitié morte et un genre de kappa ailé. Changement de plan et nous voici dans le ciel alors qu'arrive un texte défilant qui remet en contexte ce que nous allons voir. Univers alternatif nous voilà !
Ère Meiji mais dans les années 1930, le shogunat des Tokugawa est encore bien actif et son dernier en date, Yoshinobu, est encore au pouvoir. Comment ? Pourquoi ? Grâce à une nouvelle forme d'énergie découverte qui s'appelle le ryûmyaku. Cela leur donne un ascendant considérable qui leur permet de conserver la mainmise sur le pays. Mais évidemment tout ça fait des envieux et le peuple a un peu de mal à accepter d'être traité comme des moins que rien. Yukimura tient une librairie d'occasion le jour. Mais la nuit, elle file au quartier des plaisirs pour endosser son vrai rôle, celui d'agente spéciale du gouvernement. Yukimura est une chienne de garde à la solde des Tokugawa dont le but est de régler les problèmes liés aux opposants du shogunat.

Dit comme ça, ça pourrait être sympa. Mais en réalité, ce premier épisode est relativement ennuyeux. Si l'esthétique est agréable, notamment quand la série glisse vers le trait épais d'estampe dans ses scènes d'action surnaturelles, l'histoire est assez indigeste, à mi-chemin entre Lady Snowblood et Joker Game pour le côté unité spéciale de l'Etat dictature. Ce n'est pas très intéressant pour l'instant, mais cela va peut-être évoluer par la suite d'autant que Yukimura a clairement un passé trouble. Je vois mal le titre continuer sur la voie de l'héroïne qui bosse pour le méchant jusqu'au bout. Mais ça serait presque audacieux si c'était le cas.


Alain Broutta
Note :

Production originale du studio Bakken Records, Joran, the Princess of Snow and Blood est un projet qui se déclinera également en manga et en pièce de théâtre dans les prochains mois. Cette série nous entraîne en 1931, dans un Japon alternatif, où le shogunat n'a pas été aboli : non seulement Yoshinobu Tokugawa règne encore du haut de ses 94 ans, mais il a en plus poussé la modernisation du pays vers les sommets grâce au monopole qu'il détient sur une ressource naturelle. Cependant, un groupe terroriste nommé Kuchinawa entend destituer le shogun. Pour s'en protéger, Tokugawa a créé une milice secrète nommée Nue, dont fait partie Yukimura Sawa, une jeune femme en soif de vengeance contre Kuchinawa…

Basé sur un script de Rika Nezu (scénariste pour de nombreuses séries et films et live action) et réalisé par Susumu Kudô (K, Mardock Scramble, Dies irae), Joran est au croisement d'inspirations multiples. A commencer par son héroïne, Yukimura Sawa, dont le design évoque autant la légende yôkai Yuki-onna (la femme des neiges) que l'implacable Yuki de Lady Snowblood (Kazuo Kamimura/Kazuo Koike) qui a marqué son empreinte jusque dans le cinéma international. La Yuki de Joran est en apparence une jeune femme ordinaire, une beauté froide qui vit avec sa jeune soeur et qui tient une librairie d'occasion. Mais, la nuit tombée, elle participe à des assassinats au sein de Nue.

La suite de l'épisode nous entraîne dans une mission d'infiltration et d'exécution de Nue, ce qui est l'occasion d'en présenter brièvement les différents membres et de les voir en action. Cette séquence confirme aussi que la série ne se prive pas pour manger à tous les râteliers : tranche de vie, espionnage, politique, bataille armée, éléments futuristes, mais aussi une touche d'occultisme et de fantastique avec des métamorphoses surnaturelles. Le tout en une vingtaine de minutes ! Il y a de quoi s'y perdre peu… Cependant, force est de constater que l'exécution générale de la série est irréprochable, dans l'animation comme dans le design. En outre, certaines séquences de combat, puisant dans un style plus proche de la calligraphie et de l'estampe, retiendront sans mal notre attention.

Au fond, l'intrigue de Joran n'a rien de très complexe : il s'agit d'un récit d'opposition sanglante entre groupes d'influence, menés par des personnages portant chacun leurs blessures passées. L'univers est certes intriguant, mais sa complexité artificielle dessert plus le récit qu'elle ne le consolide. Pourtant, l'ensemble à le mérite d'attirer l'attention, chaque élément étant susceptible d'évoquer une référence à chaque spectateur. Bref, le cahier des charges “entre modernité et tradition” est totalement explicite, mais force est de constater que ça fonctionne. Car au-delà de ce fourre-tout d'influences, la qualité de l'animation nous invite à creuser un peu plus loin. Et sous ses aspects un peu vieillots, Joran pourrait bien rappeler à certaines productions aseptisées d'aujourd'hui que les vieilles marmites ont encore quelques bonnes recettes à révéler.


EmmaNouba
Note :

Après quelques images d'un combat entre une jeune femme en kimono, ravissante, qui semble maîtriser un feu bleu et se retrouve avec une tête à la Ghost Rider (au niveau du menton, c'est assez déroutant) et un monstre, ce premier épisode de Joran: The Princess of Snow and Blood 
débute classiquement par une mise en contexte. L'histoire se déroule en 1931, 64e année de l'ère Meiji d'un Japon en mode steampunk. Si le 15e shogun règne toujours, c'est grâce au monopole du ryûmyaku, une ressource naturelle turquoise. Bien évidemment, cette mainmise fait des jaloux et des résistants luttent contre le dictateur.
Nous suivons Yukimura, une jeune femme au teint d'albâtre qui vit avec sa sœur, une petite fille enjouée et toute vive, Asahi, et tient une boutique de livres anciens. Mais ceci n'est qu'une couverture car elle est en fait un agent de l'ombre au service du shogun, membre de l'organisation secrète Nué. La belle porte un terrible secret. De son vrai nom Sawa Karasumori, elle n'a qu'un but : se venger. Elle a dans sa manche un sacré atout : elle peut fusionner avec un corbeau blanc et acquérir des pouvoirs de combattante. Elle fait partie du clan des sangs bleus, apprendra-t-on par la suite. Et toute sa famille a été exterminée par un homme : Janome, le principal opposant au shogun. Ce scientifique crée des chimères, des monstres, afin de renverser le pouvoir. Sous les ordres du mystérieux Jin Kuzuhara, et flanqué de ses deux acolytes, Elena Hanakaze, une pulpeuse américaine blonde qui officie dans le quartier des plaisirs, et Makoto Tsukishiro, un jeune homme très androgyne, son rôle est d'empêcher tout attentat contre le souverain. Pourtant le peuple gronde et les révoltes se multiplient…

Si l'on aimerait aimer cet anime, le premier épisode est vraiment tellement elliptique que l'on reste sur sa faim, ce qui est bien dommage car graphiquement le travail du chara design par Kano Komiyama, un jeune artiste, est vraiment intéressant et soigné. C'est à Susumu Kudo (Tokyo Babylon 2021) que le studio Bakken Record a confié la réalisation de cette production originale. Le scénario, pour l'instant très peu dévoilé, est signé par Kunihiko Okada (Black Clover) et Rika Nezu (Saint Young Men). Soulignons le très beau travail réalisé par Yukari Yasuda (WATATEN!: an Angel Flew Down to Me) à la direction artistique.
L'un des atouts visuels tient dans le parti pris dans le traitement de l'image lors des combats, avec un aspect proche des estampes classiques. C'est très joli et efficace. Pour le moment, on a vraiment du mal à voir ce qui peut se passer de très original, car à part cette quête de vengeance, un thème usé jusqu'à la corde, et des pistes sur le savant fou, ce premier opus ne donne que peu de clés. L'héroïne est froide et presque antipathique. Elle n'éprouve rien et même la petite fille, Asahi, semble la déranger. On ne sait pas trop si c'est ou non sa sœur, chez Sawa Yukimura, tout n'est que mystère. Espérons que le voile sera rapidement soulevé…


Pa Ming Chiu
Note :

« En 1931, 64e année de l'ère Meiji, le 15e shogun Yoshinobu Tokugawa est toujours au pouvoir grâce au monopole d'une ressource naturelle du nom de « ryûmyaku ». Cependant, tous ne se satisfont pas de cette situation... »
Ce carton d'introduction pose bien le cadre. Bienvenue dans un Japon uchronique, dominé par le clan Tokugawa et dont les années 1930 ont de ce fait un tout autre visage. Dans ce contexte alternatif, une jeune femme du nom de Yukimura affronte des créatures mystérieuses pour le compte du gouvernement et espère ainsi venger la mort de son grand frère.

Pour un premier épisode qui est censé accrocher et donner envie de continuer, on ne peut pas parler de franche réussite. L'ensemble manque dramatiquement de rythme et les personnages, leurs pouvoirs et les enjeux ne sont pas très bien exposés. Au final, il faut à la fois un effort de concentration pour ne pas somnoler et un effort de déduction pour bien saisir qui fait quoi et pour qui ou pourquoi.
C'est d'autant plus dommage que le setup des personnages est assez intéressant et plein de potentiel. La dynamique entre l'héroïne au passé trouble et ses vénéneux collègues n'est certes pas révolutionnaire mais fonctionne bien notamment. Sur le plan technique c'est particulièrement inégal. Le character design est très joli, le traité pictural lorsque le surnaturel entre en jeu dans les scènes d'action est superbe et il y a un gros travail sur les ambiances. En revanche, les cadrages sont souvent paresseux : trop frontaux, trop basiques, trop serrés ou à l'inverse trop larges (ou du moins trop aériens, dans des tentatives maladroites de singer les codes du chambara/western). Il en résulte des combats assez peu captivants. Reste que le personnage principal, largement inspiré de Lady Snowblood (le manga culte de Kazuo Koike et Kazuo Kamimura qui a aussi été adapté au cinéma et avait déjà inspiré le personnage de O-Ren Ishi dans Kill Bill par exemple), est très efficacement iconisé.

Le moins qu'on puisse dire, c'est que Joran: The Princess of Snow and Blood n'a donc de cesse de souffler le chaud et le froid. Pour l'instant, difficile d'être enthousiaste, mais il y a quand même suffisamment de bons points pour piquer la curiosité un minimum et donner envie de laisser sa chance à la suite.


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